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À plusieurs reprises, tandis qu'il travaillait au présent ouvrage, l'auteur a été interrogé par des amis bienveillants sur la nature de ce travail : « C'est un livre sur la littérature », répondait-il généralement. Et une autre question surgissait, immanquable : « Quelle littérature ? » ou : « Quelle époque ? » Tant il est vrai qu'on a peine à imaginer aujourd'hui la littérature sinon comme une série de livres et d'auteurs, plus ou moins nettement localisés dans le temps et l'espace.
Sainte-Beuve, qui est un peu responsable de cette manière de voir, demandait pourtant il y a plus d'un siècle : « Pourquoi ne se hasarderait-on pas de temps en temps dans la critique à traiter quelques-uns de ces sujets qui ne sont pas personnels, où l'on parle non plus de quelqu'un, mais de quelque chose... ? » C'est comme la plus ample de ces « choses » que la littérature est envisagée ici ; et les écrivains avec leurs ouvres, consultés en dehors de toute suite chronologique ou géographique, n'interviennent que comme témoins au cours d'une longue enquête.
Cela n'empêche d'ailleurs pas que l'on ne s'arrête parfois plusieurs pages amicalement avec tel d'entre eux. L'un des thèmes de ce livre, le thème majeur peut-être, est le métier d'écrivain. Mais avant d'écrire l'écrivain a lu, et il continue de lire alors même qu'il écrit ; et parfois il lit en écrivain, ou même sa lecture l'induit à une littérature au second degré qui a la littérature même pour matière ou sujet.
D'où un second thème qui dialogue avec le premier d'un bout à l'autre de l'ouvrage, chacun d'eux aidant l'autre à se dépasser pour qu'ils arrivent ensemble à éclairer cette mystérieuse essence de la littérature. Malgré des positions esthétiques assez fermes, ce n'est pas une thèse que l'auteur a souhaité écrire ; ce serait plutôt une sorte d'autobiographie, un de ses livres qui, suivant le mot de Pasternak, « racontent leur propre histoire ».