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Elle a voulu me dire quelque chose ; son visage s'est creusé et ses lèvres se sont engouffrées dans sa bouche, recouvrant brusquement ses gencives nues. J'ai cessé de respirer... Je ne comprenais pas ce qu'elle disait ; elle avait avalé toute la peau de son visage. J'ai repoussé la main qu'elle avançait vers moi. Que me voulait-elle donc ? J'attendais quelqu'un d'autre ; je voulais la vieille femme au tendre sourire et l'olivier et l'amphore d'huile.
Je l'ai traitée de sorcière. Savait-elle seulement où se trouvait l'olivier ? Oh, un fragment d'écorce, une larme brune, un éclat d'infini, une ode à la vie, un chant qui s'élève, qui tourne avec le vent, qui emporte dans sa course un coquelicot, qui monte jusqu'à Dieu, le trouve, s'émerveille, s'étouffe, agonisé, se drape d'un linceul de pétales vermeils, se pose en silence sur un nuage de fleurs, des fleurs d'orangers au parfum d'innocence, se meurt dans un ultime sanglot d'allégresse...
un cri, un soupir, un espoir... Et ces yeux noirs... Si noirs...
" Dans ce premier roman, Bouthaïna Azami-Tawil déploie les méandres, plis et replis, flamboiements et douleurs de la mémoire chuchotée d'une petite fille, puis d'une jeune fille. Un récit hanté d'histoires, traversé d'un foisonnement d'images, déchiré de meurtrissures ".