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« Plus jamais ça » restera à la génération des lycéens de 1986 ce que « Nous sommes tous des juifs allemands » fut à celle de 1968. À ceci près qu'en 86 il y a eu mort et mort violente. À ceci près que cette génération, qui semblait moins portée à la rébellion et aux défilés dans la rue que celle de ses parents, a été horrifiée par la violence et l'injustice de la mort de Malik Oussekine, le 5 décembre 1986, sous les coups sauvages de certains policiers (le PVM : peloton des voltigeurs motoportés).
La mort de Malik a soulevé une vague d'indignation si forte que le gouvernement de l'époque a chancelé et a été obligé de renoncer à la réforme de l'enseignement supérieur qui avait fait descendre la jeunesse dans la rue. En 86, Nathalie Prévost avait 23 ans et finissait l'école de Journalisme. Étant l'amie d'une sour de Malik, elle a suivi les événements dans toute leur horreur avec la famille Oussekine.
Pour toutes ces raisons, Nathalie Prévost a voulu savoir. Elle a fait depuis cette date une véritable enquête de vraie journaliste. Elle a rencontré pas à pas tous les protagonistes mais aussi tous les gens concernés, de près ou de loin. Son enquête débouche sur ce terrible constat : depuis la mort de Malik, policiers, juges, médecins, députés, ministres, de quelque bord qu'ils soient, ont tout fait pour que cette affaire soit étouffée et pour que cette mort indigne soit ramenée à la tragique banalité d'un accident regrettable.
À la lecture de ce calme réquisitoire, on peut se demander si les mêmes pesanteurs et le même silence régneraient si Malik avait été tué par une bande de « skinheads » ? Nathalie Prévost a 25 ans, l'âge qu'aurait Malik aujourd'hui. Elle est journaliste.