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Notion universellement assimilée à la dégradation, la mutilation se révèle paradoxalement ambivalente. Élément déterminant de nombreux épisodes mythologiques, sublimée à travers d'innombrables rituels sanglants, ponctuant le cours des initiations individuelles et collectives, marque d'élection ou d'infamie, la mutilation est valorisée ou condamnée au gré des époques, des cultures et des codes. Recours ambigu transcendant schémas manichéens et particularismes locaux, la mutilation s'identifiant pleinement à la castration dénature pour mieux culturaliser.
Se mutiler et répandre le sang est un geste universel inscrit dans la logique rédemptrice de « la partie pour le tout », légitimant le sacrifice qui scelle l'union et fonde les différences. Cet essai se propose au-delà des apparences et des traditionnelles oppositions entre « sauvagerie » et « civilisation », de retrouver l'unité structurelle de la mutilation volontaire, et d'analyser les termes du discours valorisant nos propres pratiques mutilantes et dévalorisant celles d'autrui instinctivement marquées du sceau de l'étrangeté et trop souvent rejetées du côté de la barbarie.