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« La tentation de Vénus » ne veut pas être un récit de science-fiction ; c'est un conte philosophique. Affirmation imprudente, pensera-t-on. Il y aurait, en effet, au niveau de la diffusion des livres, des catégories que l'on prétend tabous. Eh bien ! osons le répéter : « La tentation de Vénus » est un conte philosophique. comme les « Voyages de Gulliver » de Swift, comme « Candide » ou « Micromégas » de Voltaire, comme « Robinson Crusoë » de Daniel Defoe, et même le « Don Quichotte » de Cervantes.
Car ce n'est pas un des moindres paradoxes de notre temps : les mêmes qui dédaignent volontiers le conte philosophique, persistent à voir des chefs-d'ouvre de la littérature universelle dans des titres qui appartiennent indubitablement au genre décrié. Or l'extraordinaire récit de Janvier Lovreglio a bien toutes les qualités que l'on recherche dans ces ouvrages : le don et le goût de l'invention, l'esprit, une lucidité à la fois généreuse et satirique, et sous la finesse de l'analyse une discrète mais constante émotion.
Et c'est à Swift ou à Voltaire que l'on songerait plutôt : Gennaro, le héros de « La tentation de Vénus », offrant un mélange original de Candide et de Gulliver. Ajoutons que ces sortes de livres ne se montrent convaincants que lorsque l'écriture y est à la hauteur- du sujet audacieusement traité. C'est le cas de « La tentation de Vénus ». Rien de tel pour comprendre les maux et les insuffisances de notre univers que de s'embarquer avec l'auteur pour la planète Vénus, ironique et poignante antithèse de notre Terre.
Péripéties dramatiques et sentimentales tiendront alors le lecteur en haleine jusqu'à une fin imprévue qui laissera dans son esprit la trace d'une interrogation aujourd'hui essentielle. Jean Huguet