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Longtemps, on a considéréLa Terre comme un roman pornographique et vulgaire. Et c'est vrai, il y a du sexe, très cru, et des "scènes", à faire pâlir le bourgeois dans sa chaumière. Une violence, aussi, digne d'une sorte de brutalisme, que bien avant Zola, on avait reprochéà Pétrone, l'auteur latin du Satiricon. Par la même occasion, le premier, Zola est accusé de vouloir faire un coup commercial.
Du cul pour du fric, le chef d'accusation est commun et rebattu, mais fonctionne de manière implacable.
En fait, avec La Terre, Zola, poursuit la peinture de sa fresque naturaliste. Au risque de plaire aux uns et de déplaire aux autres. Et c'est au monde paysan qu'il s'attaque cette fois. Avec ses façons de clinicien du roman et ses aises de romancier expérimental. Pour lui, l'enjeu est clair, faire tomber le couperet sur la vision romantique de la campagne, allant de pair avec un culte idéaliste de la Nature.
Zola tord le cou à Chateaubriand, discrètement, mais sûrement : ce serait peine perdue que de chercher une Atala dans La Terre. Le seul personnage qui s'en rapproche, Françoise Fouan, est poussée sur une faux...
Donc, la violence, elle est surtout en dehors du roman. Celle qui fait la démonstration que la littérature est une guerre sans pitié entre auteurs. Morts ou vivants. Pour qui la seule chose qui compte est d'imposer sa vérité du roman, par ses mensonges romanesques.
Et Buteau, le frère de Françoise, de violer sa sour. L'imagination de Zola n'a reculé devant aucune cruauté pour faire triompher sa thèse : le monde paysan est impitoyable, pingre et fesse-mathieu. Il ne vaut pas mieux que celui des Grands Magasins.
Et peu à peu, l'originalité du roman se dessine : Zola se fait juge et accuse un monde pour lequel il n'éprouve guère de sympathie. Un monde hostile au changement, et réactionnaire.
Celui des Chouans. Et si, bien souvent, les héros zoliens font l'objet d'une certaine complaisance de la part de leur créateur - pensons à Nana, par exemple, la famille Fouan n'est guère appréciée.
La présente édition reprend celle de 1887, de la fameuse "Bibliothèque Charpentier", créée par Georges Charpentier, qui se définissait lui-même comme « l'éditeur des naturalistes ».
Ce livre s'adresse à tous ceux soucieux de prendre Zola en flagrant délit de manquement à la doctrine du Roman expérimental d'après laquelle « le romancier est fait d'un observateur et d'un expérimentateur ».
Et lire un zola partisan, c'est avoir sous les yeux le zola vengeur. Celui qui défendra Dreyfus. Et ça fait du bien.