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Suivant la voie tracée par Maurice Leenhardt qui avait combattu le travail forcé et les spoliations foncières, et appliquant le testament moral que lui avait laissé ce dernier, Jean Guiart n'a cessé d'être solidaire activement des mélanésiens, accompagnant au fur et à mesure leur prise de conscience nationale, ce qui en a fait la cible d'attaques et de menaces constantes de la part de ceux qui auraient voulu assurer la pérennité de la prospérité européenne locale sur le maintien de la servitude d'un peuple.
Collant avec la réalité, l'auteur pratique depuis plus de trente-cinq ans une anthropologie politique d'un rare intérêt, où l'expérience personnelle, dans les risques assumés, assure la vérification constante des hypothèses sur le dynamisme méconnu des sociétés dites traditionnelles, échappant ainsi aux explications mécanistes de l'école fonctionnaliste. La réforme foncière en cours en Nouvelle Calédonie, dont les modalités sont en fait déterminées par les Mélanésiens et n'est ainsi pas un exercice d'école, la seule à avoir été mise en route à temps dans tout notre ancien empire colonial, permet d'indemniser aussitôt le « colon » qui abandonne le sol confisqué à son profit et de rétablir les conditions d'un fonctionnement équilibré d'une société que l'on avait enfermée dans des Réserves trop petites, aux terres sans valeur agricole pour la plupart, et que l'on avait livrée à l'arbitraire de marchands d'alcool et de « ranchers » sans scrupule.
La tolérance des Mélanésiens d'aujourd'hui vis-à-vis des blancs ne pouvait venir que de la réparation de l'injustice passée. Même au bout du monde habité, il s'agit là d'une fraction de l'histoire universelle où il y a des leçons à prendre. Pour une fois l'ethnologie a pu se voir attribuer une fonction effective d'analyse et de proposition, parce qu'elle s'était donnée pour vocation de traduire ce que les Mélanésiens voulaient qu'elle exprimât.