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On associe d'ordinaire l'érotisme aux femmes et la pornographie aux hommes. Puis, il y a des ouvres comme Romance de Breillat ou Baise-moi de Despentes et Trinh Thi pour tout ébranler, pour faire voler en éclats ce postulat désuet. Depuis plus de vingt ans, une forme de « métapornographie » veut proposer une représentation de la sexualité des femmes sans l'objectiver ni l'essentialiser, loin du paternalisme et de la victimisation.
Des artistes filment leurs propres relations sexuelles, réutilisent des images de l'industrie de la porno ou offrent des performances explicites, tout en se revendiquant féministes.
Mais la question de la pornographie, tant en histoire de l'art que dans les études féministes, est un terrain miné. Julie Lavigne se demande d'entrée de jeu comment cette dernière peut devenir meurtrière pour les unes et libératrice pour les autres.
Les artistes qui s'approprient les codes de la porno commerciale pour les travestir ne jouent-elles pas au fond le jeu du conformisme ? Selon quels critères une ouvre pornographique devient-elle artistique ? L'excitation sexuelle est-elle compatible avec un discours critique ?
Cet essai audacieux explore le phénomène de la pornographie féministe en arts visuels, entre politique et intersubjectivité, en s'appuyant sur les théories de Georges Bataille et de Linda Williams, notamment.
Il revisite les ouvres des pionnières Carolee Schneemann, Pipilotti Rist, Annie Sprinkle et Marlene Dumas.