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Enfin ! le Père Avril s'est décidé à publier ses « Notes personnelles » sur un aspect du problème des Harkis. On les attendait, on les réclamait ; ces notes appartiennent à l'Histoire. Et l'on n'est pas déçu, cet ouvrage ne ressemble à aucun autre : ces révélations, même très résumées, laissent entrevoir ce que les historiens qualifieront de « drame de notre époque », et les Chrétiens lucides de « grâce du siècle ».
Mais grâce gaspillée, le Père Avril a consacré toute sa vie à cette « cause urgente et prioritaire : l'évangélisation des âmes égarées dans l'Islam ». Il défend une thèse : cette mission a été confiée à l'Occident chrétien. D'abord à l'Espagne : l'expédition Ximénès, dans la province d'Oran, promettait beaucoup. Trois siècles de présence. Mais la découverte du Nouveau Monde a détourné l'intérêt, et la IXe Croisade a été un échec.
Puis à la France : d'abord en 1830. Mais faute d'avoir évangélisé, les Français ont été chassés et la Xe Croisade a été une défaite. Ensuite en 1962, c'est l'épopée des Harkis. Français et en France, ils sont libres, libérés. Notre devoir est de leur proposer la foi. La hiérarchie refuse, et la XIe Croisade a été un désastre. Le Père Avril insiste sur cette croisade, parce que c'est lui qui en a levé l'étendard, parce qu'il a mené un combat acharné, obstiné ; traqué, condamné, il se relève chaque fois et persévère, malgré tous les obstacles.
Son récit est haletant, bouleversant, et arrache des larmes. Comment a-t-on pu perdre ainsi l'occasion par excellence ! Mais ce n'est pas encore perdu, il reste maintenant à lancer la XIIe Croisade, au nom de notre devoir, autant que de notre survie, au nom surtout de l'amour que nous devons avoir pour ces âmes qui gisent dans les ténèbres. Forts des leçons du passé, nous devons - cette fois - réussir la victoire.
Celui que l'on a appelé « le Père des Harkis » est convaincant, l'on ne pourra lire cet ouvrage pathétique sans être soi-même profondément atteint par tant de souffrances et de regrets. Qu'il nous entraîne, nous aussi dans ce combat du siècle.