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Dans son pavillon, àun peu plusd'une portée d'arc desmursassiégés, Zenghi jouait auxéchecs avecOusama. La foliedujouravaitfaitplaceau silenceméditatif delanuit, seulement interrompu parlescrislointains desblessésenproieaudélire.
-Les hommes sont mes pions, ami, déclara l'atabeg. Jefaisdel'adversitéuntriomphe. Depuis longtemps jecherchais un prétexte pour attaquer Jabar Kal'at. Cette placeforte sera pour moi un solideavant-postecontrelesFrancs, unefoisqueje l'aurais priseetaurairéparé lesmarques quej'yai faites, lagarnissant demesMameluks.
« Jesavaisquemescaptifsviendraientici.
C'est pourquoij'aidonné l'ordredeleverlecampetme suismisenmarche, avantmêmequemeséclaireurs aientretrouvé leurpiste. C'était leseulendroit où ilspouvaient seréfugier, entoute logique. J'aurai lechâteau etlesFrancs;cesderniers importentle plus. SijamaislesCaphars étaientinformésdemes intriguesavecl'empereur, mesplans seraient réduitsànéant. Maisilsn'ensauront rien...jusqu'à cequejefrappe. DuCourceynelespréviendrapas.
S'ilnetrouvepaslamortlorsquela forteresse tombera, jeleferaiécarteler, attachéàdeschevaux sauvages, comme jeleluiaipromis, etlajeune infidèleassisteraàsonsupplice, empalée sur un pieuacéré. »
-Lapitiéest-elledoncinconnuedetoncour, Zenghi? protesta l'Arabe.
-La vie s'est-elle montrée clémente envers moi?s'exclamaZenghi, lesyeux flamboyants, emporté uninstantparsanatureardente. Toutce quej'ai, jel'aiobtenuparl'épée! Unhommedoit frapperou êtrefrappé...
Tuerou êtretué. Les hommessontdesloups;jesuisseulementlelouple plus robustedelabande. C'estparcequ'ilsme craignentqueleshommesrampentdevantmoiet baisentmessandales. Lapeurestlaseuleémotion parlaquelleonpeutlestoucher.
-Tuesunpaïendecour, Zenghi, fitOusama ensoupirant.
-C'estfortpossible, rétorqualeTurcavecun haussement d'épaules. Si j'étais né au-delà de l'Oxusetm'étaisprosternédevantErlikleJaune, commelefirentmesaïeux, j'auraiséténéanmoins ZenghileLion.
« J'ai versé des rivières de sang à la gloire d'Allah, maisjeneLuiaijamaisdemandépitiéou unefaveur.
Qu'importe auxdieuxsiunhommevit oumeurt? Qu'ilsmelaissentvivre pleinement, connaîtrelasaveurduvinsurmonpalais, sentirle souffleduventsurmonvisage, jouirde l'éclatdela pompe royale, goûter la folie ardente du massacre... Qu'ilsmelaissentmebrûleretvibrerinten-sémentàladémencedelavieetdesvivants, etjene cherchai pasàsavoirsic'est leparadis deMaho-met, l'enfergeléd'Erlik oulesténèbresdel'oubliet du néant quisetrouvent au-delà delamort.
»
Commepourdonner dupoidsà sesparoles, il remplit de vin son gobelet et lança un regard interrogateuràOusama. L'Arabe, quiavaitfrémi enentendant lesproposblasphématoiresde Zenghi, eutunmouvement derecul, saisi d'une horreur pieuse. L'atabegvidasongobeletd'untrait etfitclaquer bruyammentseslèvrespourexprimer son plaisiràlafaçon tatar.
-Jepense queJabar Kal'at tombera demain, reprit-il. Quiajamaispumerésister?Compte-les, Ousama...