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« Sa mère leur avait offert ce cadeau, un morceau entier de vie sans aspérités, sans mémoire particulière, un ruissellement de petits faits glissant calmement les uns à la suite des autres le long des rigoles d'argile de leur maison africaine. À la place de ces souvenirs, quelques taches de couleur. Vêtement bleu de Stéphane, de ce bleu particulier dont il recherchait vainement à travers le monde la teinte exacte, car là-bas, même sa haine pour son père avait été douce.
Yeux complètement marron de Bala, son ami nigérien, marron brûlant, disait-il, marron nègre, répliquait Bala qui lui enviait ses yeux clairs. Ocre profond de la brousse, jaune paille de la savane, eau grise, moirée du fleuve dans laquelle il plongeait ses doigts, comptait jusqu'à dix et s'étonnait chaque fois en ressortant sa main de la retrouver blanche et non pas zébrée de gris. »