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Tandis que les fusées sillonnaient le ciel, que l'on préparait la guerre, que l'on faisait la guerre pour la défense de la « civilisation chrétienne », tandis que les vedettes épousaient, divorçaient, enfantaient parfois, pour la délectation d'une foule qui, n'aimant plus sa propre vie, se gavait d'amours étrangères, de fausses intimités, de scandales et de publicité, un prince, un jour, eut honte et, s'étant échappé de sa princerie, brouilla si bien les pistes que les héros du papier-choc perdirent sa trace.
Sous un nom d'emprunt, il entra dans un lointain monastère, y jeta le trouble d'ailleurs, malhabile à croire que Dieu demeure dans les pierres anciennes quand les pauvres souffrent au dehors. Revenu malgré lui au pouvoir dans sa principauté, il supprima l'armée, la police et la cérémonie. Le monde entier prit peur... L'érotisme et la guerre, la vie et la mort transformées en spectacle - voire certaines formes dégradées de religion - sont une même réalité, semble dire Jean Sulivan, dans un récit délibérément pulvérisé : l'énorme divertissement d'un monde qui refuse d'assumer son âme et sa liberté.