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Le temps redessine sur ma peau l'itinéraire éphémère tracé par les doigts d'une jeune fille amoureuse qui a perdu son visage et son nom. Il recrée devant moi les neiges splendides de ma ville entourée de remparts. Il mêle la guerre de jadis à celle d'aujourd'hui, cette guerre qui me projette, une fois de plus, dans un espace où je me retrouve étranger. Une fusillade nourrit la respiration de ma Kronstadt irréelle, ou de Budapest ressuscitée de ses cendres.
La tête d'une petite fille roule sur le carré de sable devant la piscine. Qui est cette jeune militante qui gît sur le trottoir, devant un hôtel, une belle étoile rouge éclatée au milieu de son front ? Les tristes tropiques s'embrasent, l'hôtel Majestic est en flammes, et un fleuve africain majestueux charrie, vers de mornes espaces lagunaires, les corps des suppliciés... J'ai perdu une fois encore ma maison, une fois de plus je me suis égaré dans le temps.