En cours de chargement...
Il existe au moins mille et une manières de lire les Mille et Une Nuits... Je préfère celle où les personnages sont des êtres de papier, où le héros a l'épaisseur du rêve et où l'action s'appelle désir. J'aime ces contes merveilleux où les djinns comme une pulsion inattendue surgissent du puits, du plus profond de moi-même et disparaissent sans dire adieu. Mais au-delà de la tension momentanément apaisée, je sais qu'ils reviendront.
Leur départ crée un espace merveilleux, un espace de désir... J'aime cette écriture, porteuse de nostalgie et d'instincts, qui ramène à ma mémoire des choses oubliées. Il me faut la supercherie du conte pour m'attacher aux traces des mille et un visages du désir, inscrit dans une parole qui lutte contre la mort. Depuis l'aube des temps Shéhérazade lève nuit après nuit un pan de mon propre mystère pour faire surgir du sens là où nous avons cru qu'il ne pouvait y avoir que divertissement.
Du plaisir absolu, Shéhérazade, le conteur, et le conte me conduisent à une sagesse... Le Secret des Mille et Une Nuits tente cette lecture symbolique à travers le conte de Qamar al-Zaman et Budur. Comme si le non-dit du texte, parce qu'il est quelque part interdit, interdisait mes envies, mes aspirations, mes désirs. Dans une société où la femme est à ce point interdite, pourquoi parle-t-on tant d'amour ? Dans une tradition où la femme est avant tout mère, pourquoi est-elle ici amante ? Et si les Mille et Une Nuits étaient l'indomptable revanche du désir et du plaisir sur la loi et l'obéissance ?