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Variée, étrange, protéiforme, obsédante, l'ouvre de Deligny est un travail, le travail d'une vie. Ouvre écrite tout d'abord, tant Deligny a écrit pendant près de soixante ans, des textes de tous registres : contes, romans, nouvelles, pièces de théâtre, scénarios, articles, essais ou autobiographie. Ouvre visuelle ensuite, parce que le cinéma l'accompagne dans chacune de ses tentatives, et sa réflexion sur l'image s'étoffe au fil des ans.
Ouvre graphique ensuite, articulée autour de pratiques qui visent à faire trace, du dessin au tracé des cartes, jusqu'au travail sur les objets dans le quotidien du réseau des Cévennes.
Parler d'ouvre lorsque l'on parle du travail de Deligny, c'est aussi faire signe vers l'ouvre d'art. La tentative en partage la matérialité, la valeur esthétique et parfois conceptuelle sans jamais s'y résumer. En combinant les outils : la photo, le dessin, le film, la calligraphie, la danse des mots, la musique, la rythmique des phrases et des idées, elle possède à la fois les vertus d'une ouvre éphémère et d'une ouvre durable.
Elle s'entend autant qu'elle se voit, qu'elle se sent, et possède sa part d'ombre et de mystère, ses évidences et ses incohérences, ses logiques et ses intuitions.
Pour Deligny, la tentative est ouvre d'art, tout autant qu'elle est un « fait politique », et c'est à cette jonction que peut se voir la manière dont son travail est intrinsèquement lié à sa pratique avec les enfants en marge, de l'asile d'Armentières aux collines des Cévennes.
Comme cette pratique, cette ouvre déborde, elle sort du cadre, s'affranchit des limites institutionnelles. Elle se pense au-dehors en même temps qu'elle pointe férocement les limites du dedans de l'institution : clôture idéologique ou enfermement des pratiques.