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« Le pavé sempiternel que nous suivions depuis Paris cessait désormais de nous être imposé. Bien que la partie centrale de la chaussée fut ornée d'un énorme cailloutage, les bas-côtés de la route, macadamisés, offraient à nos Véloces une route agréable. L'effet de transition fut tel qu'il nous semblait courir sur un tapis. Nous laissâmes à droite Pantin et le fort d'Aubervillers. Le chemin s'élevait, mais par une pente peu sensible.
On avait adopté, par un tacite accord, une allure de promenade, ce qu'on pourrait appeler un « galop de chasse, » comme pour prolonger le temps de la conduite. Aussi la causerie était-elle devenue générale. Nos Vélocemen, du moins ceux qui devaient nous quitter, se relayaient auprès de Victorine, désireux d'échanger quelques mois avec elle. Shopp, l'oil brillant, la mine résolue, dévorait du regard l'espace et l'horizon.
Il tenait enfin son rêve, et d'une telle étreinte, qu'il se sentait maître de l'avenir... De temps en temps, on rencontrait des côtes plus ou moins roides, et la marche se ralentissait. Deux ou trois fois on mit pied à terre, pour conduire les Véloces par le gouvernail. Shopp eût pu s'en passer, ainsi que quelques-uns de nous, mais on se prêtait à ces retards par esprit de politesse. Vaudherland, Louvres, La Chapelle-en-Serval nous conduisirent à la lisière de la forêt de Chantilly, dans laquelle nous nous engageâmes résolument.
Notre guide fit un assez grand détour pour éviter certaines côtes, et sans entrer dans la ville, nous pénétrâmes dans la forêt de Halatte, qui nous conduisit, par des routes charmantes, jusqu'aux portes de Creil. Quelques-uns de nos compagnons étaient fatigués ; le début avait été rude pour des Vélocemen qui n'avaient couru que dans le bois de Boulogne. On n'avait cependant franchi que cinquante kilomètres sur les quarante mille que Shopp se proposait de parcourir.
»