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Découvrez « Le voyage de retour », « La nuit de Morgana », « L'Ulysses de Joyce » et « Éloignés »Les quatre nouvelles proposées dans ce recueil partagent des personnages de anti-héros confrontés au désenchantement, à la solitude, à une forme d'abandon, à l'ironie du monde et à ses humiliations ordinaires, attrapés dans l'univers fortement marqué par les préoccupations sociales et politiques de leur auteur.
Oscillant entre une très grande brièveté et un récit plus développé, ces textes se caractérisent par un travail du dialogue qui confère à leur écriture un rythme singulier. Des contes troublants qui abordent des thématiques de société, comme la pauvreté ou l'exil. EXTRAIT D'ÉLOIGNÉSRaúl adore la neige, une chose blanche et délicieuse dont on pourrait faire des sorbets au citron et des glaces si on pouvait toujours en manger.
Malheureusement, Raúl n'a jamais vu la neige en vrai, même si cela lui plairait beaucoup, surtout à cette époque de l'année où elle tombe sur l'Europe et sur certaines régions d'Espagne. En hiver les gens portent un manteau parce qu'il fait très froid, vraiment très très froid, en tout cas plus qu'à Lima, une ville grise et triste, particulièrement depuis que la maman de Raúl est partie en Espagne pour travailler et leur envoyer de l'argent à lui et à son père, qui travaillait dans le bâtiment, bien que ces derniers temps il reste à la maison, étendu sur le lit à fixer le plafond et sans rien bâtir du tout.
Raúl aussi travaille : il vend des chewing-gums et des cigarettes dans les minibus, qui sont comme des autobus mais en plus petit, et bien que les chauffeurs se fâchent parfois parce qu'ils disent qu'il casse les pieds aux voyageurs, lui se débrouille toujours pour monter et vendre quelque chose, jamais beaucoup, mais assez pour avaler un sandwich et un jus de fruits. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUEJorge Eduardo Benavides, dans un style fait de simplicité, parvient à troubler, en insinuant un doute, en suggérant une faille plus profonde que celle qui caractérise le personnage.
Aucun n'est un héros, loin de là, ils sont absolument humains, ils nous sont proches, très proches, c'est probablement le plus beau compliment que l'on puisse faire à l'auteur. - Christian Roinat, Espaces latinosÀ PROPOS DE L'AUTEURJorge Eduardo Benavides (1964, Arequipa, Pérou), après avoir travaillé comme journaliste culturel notamment pour la radio, anime aujourd'hui des ateliers d'écriture créative à Madrid.
Auteur de nombreux romans et recueils de contes et nouvelles, son ouvre a été plusieurs fois récompensée.