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L'ambition de cet ouvrage est de reformuler, sous plusieurs éclairages, une question universelle : celle de la reconnaissance et de la consécration des objets culturels que sont les ouvres littéraires et les langues qui les portent. Il s'agit d'explorer les mécanismes d'élaboration d'un statut institué aussi bien du texte écrit que de la figure de l'écrivain à travers les concepts de légitimité et de légitimation.
La réflexion porte sur des corpus littéraires situés sur des aires géographiques variés et à différentes époques de l'histoire. Cette problématique, qui intéresse plusieurs domaines
(littérature, linguistique, sociologie, histoire, philosophie), gagne à être approchée de manière interdisciplinaire.
L'oeuvre littéraire est un produit social dont le succès dépend des lieux de pouvoir qui travaillent la société et de ce que Pierre Bourdieu appelle « le marché des biens symboliques ».
Deux pôles en délimitent la vie et la visibilité : la production et la réception. L'écrivain et le lecteur participent, ensemble, à l'institution du dispositif métajuridique d'un pouvoir implicitement consensuel qui met sous son autorité et l'oeuvre et la figure de l'auteur, pour leur conférer légitimité et validité selon des normes sociales, linguistiques et littéraires canonisées, qui inscrivent des ouvres et des artistes au panthéon du savoir.
Les processus de légitimation convergent vers des enjeux de pouvoir même si, explicitement, le critère esthétique semble être privilégié parmi les paramètres de valorisation.
Problématiser les notions de légitimité et de légitimation ne veut pas dire seulement faire l'inventaire des processus de reconnaissance par lesquels l'écrivain se voit investi d'une valeur qui le distingue dans sa corporation ; cela signifie aussi, et peut être d'abord, analyser les modes et les modèles opératoires dans le champ de la reconnaissance où le pouvoir se fait un allié sûr du savoir en le cautionnant et même en le produisant.