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Comme c'est effrayant de vivre dans un pays, et sous un gouvernement où, à aucun moment, je ne suis sûr de ne pas être agressé et dépouillé de mes manuscrits. Ces lignes encore si actuelles, c'est un écrivain autrichien, Nikolaus Lenau (1802-1850), qui les a écrites il y a près de cent cinquante ans. De son vivant, rival de Heine, il est l'auteur d'ouvres aussi pittoresques que contrastées. Il a écrit un Faust, qu'actuellement on redécouvre et joue en R.
F. A., un Savonarole interdit par la censure de Metternich. Ses Albigeois font revivre cette épopée tragique du Sud-Ouest de notre pays. Par la pensée, et par la plume, il eut toutes les audaces qu'on dit modernes : libertaire et mystique, sensuel et rebelle, anticonformiste et amoureux de la nature. Écologiste et féministe avant la lettre, voyageur infatigable, il chante, en cette première moitié du XIXe siècle, la vie obscure des simples gens, les oubliés de l'histoire, la révolte des Polonais, la vie libre des Tsiganes et des Indiens, il magnifie enfin l'érotisme dans un Don Juan, très différent du héros de Molière et de Mozart...
Trop grand pour être omis ou oublié, la critique traditionnelle en a fait un poète de la mélancolie, mais les plus grands compositeurs romantiques et modernes ont mis en musique ses poèmes, ses épopées. C'est l'homme, le musicien qu'il fut aussi et le poète, réaliste, romantique, fantastique, tragique et comique que nous fait découvrir Jean-Pierre Hammer, lui-même musicien, peintre et germaniste.