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Un Versailles vivant, qui n'est pas celui des touristes : des bâtiments et des jardins dont la construction se poursuit continuellement pendant trente ans, des chantiers entre lesquels circule une foule de courtisans et de valets, des fêtes somptueuses, un luxe éblouissant, un inconfort total, voilà ce que nous montrent les récits des « reporters » du Grand Siècle.
Tandis que la politique de Louis XIV bouleverse l'Europe, y provoque l'admiration ou la fureur, tandis que les correspondants de guerre Boileau et Racine envoient des nouvelles du front et que La Fare et Saint-Simon critiquent les opérations militaires, la Cour de Versailles se passionne surtout pour des potins, des scandales, des faits-divers qui rappellent parfois le temps où nous vivons : expéditions de blousons noirs, lettres anonymes, procès à suspense, mystères policiers, avec tueurs au service de hauts personnages...
Pourtant, dans cette Cour brillante et mal débarbouillée, où l'hypocrisie est payante et le courage suspect, où l'on préfère un Villeroy à un Villars et les athées aux jansénistes, quelques figures s'imposent au respect de tous par leur honnêteté, leur piété sincère, leur génie.
Mais ce qui frappe le plus, c'est peut-être la force d'une opposition que les manuels d'Histoire semblent parfois négliger : tour à tour, Fénelon, Racine, Vauban lancent des avertissements au roi :« La vieille machine achèvera de se briser au premier choc.
» Des idéologies s'affrontent, le peuple manifeste, les protestants prennent le maquis, toute une presse clandestine fait le procès du régime, et des livres paraissent, dont la saisie assure le succès. Il y a même un complot authentiquement républicain.