Les douze royaumes de Tandhör 1 - E-book - Multi-format

Que serait une légende si elle ne détenait pas un fond de vérité ? Ne serait-elle qu'une simple fable ? Ou bien serait-elle un miroir cachant les mystères les plus improbables ? Il y a dans ces questions bien des vérités... et bien des mensonges ! Alors que diriez-vous d'en savoir plus ? Voici la légende de Tandhör : Il y a longtemps, très longtemps de cela, lorsque le Monde d'Avant existait encore, et bien avant que le désastre ne s'abatte, Tandhör était un territoire florissant, composé de douze royaumes dirigés par un roi magnanime, Erdhamon dit le Juste.
Il régnait depuis sa demeure au sein de la Principauté, appelée aussi le « Roc d'Acier », pour n'avoir jamais été envahie, et considérée comme le treizième domaine de Tandhör, en bonne entente avec les douze duchés, ses seigneurs et vassaux, les Ducs. Ils étaient protégés par le clan de Thérafort composé des douze mages Blancs des douze royaumes. Ils formaient un groupuscule puissant commandé par Berthalène, le treizième grand mage de Tandhör, celui du roi Erdhamon, et dont les immenses capacités permettaient à la monarchie de résister à la terrifiante armée de sorciers noirs. En ce temps-là, la sorcellerie gangrenait toutes les couches de la population, et nombreux étaient ceux qui en profitaient. Ar'kahan était un de ceux-là. On le nommait le Sorcier Noir, l'Estrangleur ou bien encore l'Ensorceleur.
Avec ses troupes, il voulait s'emparer du pouvoir sur Tandhör, et menait la vie dure au clan de Thérafort. Il était craint de tous et dirigeait une caste de prêtres Armoriens, sorciers de basse zone, appelés aussi Clairvoyants ou « Néfastes », des moines-guerriers capables de tout pour accaparer les privilèges des nobles et usurper toutes leurs richesses. Malgré leur immense puissance, les mages Blancs peu à peu, furent submergés par les Armoriens de plus en plus nombreux.
Voyant l'extrême difficulté de leurs protecteurs à contenir les assauts d'Ar'kahan et de ses sbires, les Ducs se réunirent pour trouver une solution et se défaire de l'emprise du Sorcier Noir. Sur la recommandation du clan de Thérafort, les monarques décidèrent de former un corps spécial dédié à l'élimination des soldats de l'Estrangleur, des Chasseurs de primes, qu'ils nommèrent « les Khordôrs ».
Les Ducs les rémunéreraient par de belles gratifications pour chaque tête qu'ils rapporteraient, ainsi, du moins, le croyaient-ils, ils réduiraient l'armée des moines « Néfastes », et permettraient aux mages Blancs de s'en sortir mieux pour les défendre. Pour aider les Khordôrs, Chasseurs de primes, nommés « Orchasseurs » ou bien encore « Enchaîneurs », Berthalène et ses compagnons leur offrirent des compétences de sorts mentaux, qu'ils ne pourraient utiliser que lorsqu'ils se rassembleraient en meute, afin de neutraliser les pouvoirs des prêtres Armoriens et réussir à les terrasser. À partir de ce jour, les « Néfastes » et les Orchasseurs se livrèrent un combat sans pitié, souvent à l'avantage de ces derniers. Cette bataille fit rage des années durant, jusqu'à ce que le Sorcier Noir, voyant finalement ses troupes en danger, réclame ouvertement l'aide de son Maître. Ce dernier était le plus terrifiant des sorciers de l'époque, c'était un "Puissant", un « Tueur de Mondes » qu'on dénommait aussi « l'Avaleur de mort ». Celui-ci, trop occupé qu'il fût à augmenter chaque jour l'incommensurabilité de ses pouvoirs, avait toujours refusé de se mêler de ce conflit.
Il avait confié à son bras droit, Ar'kahan, la mission de prendre possession de Tandhör par tous les moyens possibles. Un "Puissant" n'était empreint que d'un seul but : s'approprier les compétences des sorciers-chamans qu'il tuait lors de combats le plus souvent inégaux. Il accroissait ainsi sa domination magique jusqu'à devenir le Maître absolu, l'Unique, aux pouvoirs sans limites et que l'on ne pourrait défier sans risques.
Il aspirait l'essence même de celui qu'il exécutait comme s'il en était de gober un ouf, ni plus, ni moins, ne laissant sur place qu'une enveloppe charnelle desséchée privée de sa substance mentale qui venait renforcer et compléter la sienne. Ce "Puissant" là était à l'origine de la naissance d'un monstre terrifiant, un étrange mélange entre une manticore et un dragon géant, gigantesque et fabuleux, cent fois plus grands que ceux de tous les mythes et légendes connus.
Cette « Bête », dont la domination n'avait d'égale que la taille, la peur et l'ombre qu'elle portait sur la Terre des hommes, fut baptisée « la Destructrice ». Le Maître et son animal restaient en contact mental permanent. La Bête se nourrissait de l'intelligence de tous ceux qu'elle tuait, et transmettait tout le savoir qu'elle ingurgitait au "Puissant" dont le pouvoir croissait chaque jour, et rien ni personne ne semblait en mesure de l'arrêter. Pourtant, voyant son second perdre du terrain face à l'alliance des Khordôrs et des treize mages Blancs de Tandhör, le "Puissant" accéda à sa demande, s'impliquant en personne et mettant la « Destructrice » au service de son armée.
De ce jour, les forces s'inversèrent et les « Néfastes » reprirent l'avantage. Les Chasseurs de primes et le clan de Thérafort résistèrent aussi longtemps qu'ils purent pour protéger leurs seigneurs, mais grâce à la puissance du Maître et de sa Bête, des Clairvoyants et de leur chef, Ar'kahan, le mal finit par reprendre le dessus. Malgré tous les efforts des mages Blancs et des Orchasseurs réunis, face à la domination de la « Destructrice », le combat fut inégal. En désespoir de cause, les douze Ducs, bien qu'ils s'y soient toujours opposés, se virent obligés d'engager leurs propres armées et de déclarer la guerre aux sorciers noirs, mais devant les infinis pouvoirs de leurs ennemis, elles périrent les unes après les autres. Les hommes n'étaient pas de taille ! Lorsqu'il n'y eut plus de troupes, plus de combattants et plus d'argent dans les caisses des duchés, Ar'kahan retourna les Khordôrs contre ceux qui les avaient créés.
Pour cela, il leur promit de substantielles contributions, des primes bien plus grosses que celles qu'on leur offrait. Dès lors, les Chasseurs firent volte-face contre les mages Blancs et se servirent contre eux des pouvoirs qu'ils leur avaient octroyés. À vrai dire, ils n'avaient plus vraiment le choix s'ils voulaient vivre, car il ne restait plus aucun Duc capable de les payer, et ce fut la fin. Les mages Blancs de Tandhör, seuls contre tous, n'eurent d'autres choix que d'abandonner le combat.
Au dernier instant, juste avant que son monde ne s'écroule, Berthalène, pour sauver ses douze disciples, les implora d'aller se cacher pour rester en vie, et de ne plus jamais refaire surface. Il leur demanda de se mettre à l'abri les uns des autres, et de disparaître afin que jamais on ne les retrouve. Il ne voulait pas qu'en en débusquant un seul, le Sorcier Noir et ses « Néfastes » ne puissent réunir tous leurs semblables.
Esseulés et démunis devant tant de puissance, les "Douze" s'enfuirent, et allèrent se terrer loin des champs de bataille. Pendant ce temps, la Bête ravageait Tandhör, elle tuait et brûlait tout ce qui lui tombait sous les pattes, et sous la gueule. À chaque instant, elle se nourrissait un peu plus de la connaissance des humains et de leurs âmes. Elle se métamorphosait. Elle devenait plus forte, et plus grande de jour en jour, et son créateur serait bientôt le Maître de l'Univers tout entier. Que se passa-t-il ensuite ? Personne, jamais, ne le sut, mais les rares grimoires qui furent retrouvés dans les décombres fumants du Monde d'Avant racontaient la dernière hécatombe.
Ils narraient que la Bête, furieuse de n'avoir plus rien à incendier, se retourna contre le Sorcier Noir Ar'kahan, contre les « Néfastes » et les Khordôrs qui périrent dans les flammes de l'enfer. Le terrible brasier qu'elle alluma à ce moment-là consuma tout jusqu'à la moindre brindille. Le royaume tout entier brûla du nord au sud. Bien des lunes plus tard, le feu ayant tout détruit sur son passage, timidement, des rescapés sortirent de leurs cachettes, les Ducs refirent surface depuis les douves de leurs châteaux, les arbres repoussèrent, et peu à peu la vie, reprit son dû.
Tout était à refaire. Mais de ce jour, l'on n'entendit plus jamais parler de la « Destructrice », ni du "Puissant", et les sorciers avaient disparu du paysage. Forts de cette situation qui leur offrait une tranquillité qu'ils n'avaient plus connue depuis des centaines d'années, les Ducs rebâtirent le royaume en y incluant une loi fondamentale : à l'exception de quelques tours de passe-passe exclusivement destinés à des fins de divertissement, toutes formes de sorcellerie capables de porter atteinte à l'intégrité des hommes étaient désormais interdites. Ceux qui y contrevenaient, et reconnus coupables lors de procès, étaient condamnés au bûcher.