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Avec le mouvement des sans-papiers, avec la loi Debré sur l'immigration et les protestations populaires qu'elle a suscitées, avec les premières décisions du gouvernement de Lionel Jospin, la question des étrangers en situation irrégulière est devenue un enjeu majeur de la vie publique française. Les mobilisations collectives ont révélé les incohérences d'un dispositif législatif et administratif qui, non seulement, avait peu d'effet sur l'immigration clandestine, mais produisait lui-même l'irrégularité qu'il était censé réprimer.
Comment en est-on arrivé à cette situation où la confusion entretenue autour des politiques de l'immigration et de leurs effets, a permis de légitimer les discours xénophobes et les pratiques discriminatoires ? C'est d'abord à cette question qu'ont voulu répondre les auteurs de ce livre. Ils rappellent ainsi comment la France, depuis plus de vingt ans, a défini, de manière toujours plus restrictive, les conditions de l'immigration et le statut des étrangers.
Et comment, plus encore que la répression de ceux qu'on a abusivement appelés des clandestins, la loi a fragilisé l'existence quotidienne de l'ensemble des étrangers. La rhétorique opposant les immigrés réguliers qu'il s'agirait d'intégrer, et les irréguliers qu'il faudrait expulser, apparaît ainsi comme une mystification. Mais ce que l'ouvrage montre aussi, c'est que la société française a été profondément affaiblie par cette remise en cause des fondements de son contrat social : limitation du droit d'asile, entrave au regroupement familial, précarisation dans le monde du travail, tolérance à l'égard des actes racistes et, finalement, renoncements multiples aux principes de la démocratie.
La leçon des sans-papiers engage ainsi une certaine conception de la justice, de la citoyenneté et, tout simplement, de l'hospitalité que les auteurs de ce livre entendent défendre.