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Les Sénoufo du nord de la Côte d'Ivoire mettent au travail agricole une ardeur que les observateurs ont soulignée dès le XIXe siècle. Pour ces cultivateurs, le travail puise sa valeur dans la souffrance qu'il occasionne plutôt que dans sa finalité productive. Les concours de travail agricole mettent ainsi en scène des champions prêts à affronter cette souffrance au péril de leur vie. De même, la musique qui accompagne certaines tâches, loin de les rendre moins pénibles, en redouble le caractère répétitif.
Elle y introduit de surcroît, à travers l'évocation de thèmes douloureux, la part de souffrance morale inséparable du travail aux yeux des Sénoufo. Cette part est volontiers assignée aux femmes, notamment dans ces travaux que sont les soins funéraires et les gestes rituels. Dans ce livre, l'auteur explore la conception sénoufo du travail et nous donne matière à interroger la nôtre. Parce qu'aucune société ne le réduit à sa dimension économique, le travail constitue une catégorie proprement anthropologique.