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L'ouvrage inaugure la nouvelle collection de l'Institut, Les Cahiers de l'Ifpo. Cette première édition des Cahiers de l'IFPO est consacrée aux espaces partagés et pratiques de rencontre au Liban, sans que prédomine, à nos yeux, dans les notions de partage et de rencontre, le caractère positif ou neutre de l'un, la valeur de mise en commun ou de division pour l'autre. À travers ce recours à une métaphore idéelle qui relie espace et pratique, ce sont différentes formes de relations et de liens sociaux qui sont ici présentées, selon des échelles variées mais au plus près des situations de sociabilité, depuis l'usage du téléphone portable et les visites de condoléances jusqu'aux relations « inter-communautaires » au sein d'une entreprise ou dans la Montagne libanaise.
La territorialisation des appartenances combine un registre complexe où se mêlent la symbolique des lieux, leurs liens à l'histoire communautaire et nationale, leurs formes d'appropriation, parfois violentes, et les réalités sociologiques par essence fluctuantes. Tel quartier de la capitale qualifié de « sunnite » ou de « chrétien » est en proie à des enjeux d'autant plus redoublés que le « socle » communautaire sur lequel se sont construites ses affiliations politiques et ses représentations symboliques s'est largement effrité depuis ces trente dernières années.
Le système électoral en vigueur, qui maintient le lien politique et symbolique à la localité d'« origine », entretient cette fixation « communautaire » tout en lui faisant subir des distorsions du fait des évolutions démographiques qui concourent à rendre plus homogènes ou hétérogènes les populations de ces lieux. Les études et témoignages rassemblés dans cet ouvrage permettent de saisir un état du communautarisme libanais qui ne peut être dissocié de la crise politique qui a secoué le pays entre l'assassinat de Rafic Hariri, le 14 février 2005, et l'élection d'un nouveau président de la République le 25 mai 2008.
La recherche sur les différents avatars de ce communautarisme, depuis la fin de la guerre civile en 1990, a tenté de scruter ses actualisations dans les différents domaines du politique, sans vraiment prendre en compte ses conséquences au niveau des relations sociales, si ce n'est par le recours aux notions générales de « polarisations », « crispations » ou « replis » communautaires. L'apport de cet ouvrage est précisément de déplacer la réflexion sur le terrain des pratiques sociales à travers des situations précises et localisées, loin des stéréotypes et des amalgames.