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Il n'y a pas de psychologie du langage sans recours à la linguistique. Sans elle on peut bien étudier certains aspects du langage chez l'individu. Nombreux sont les psychologues, en France surtout, qui ont cru pouvoir, par la seule observation psychologique, déterminer les formes de l'acquisition du langage, du langage intérieur ou de l'expression verbale, les troubles du langage. Mais il suffit de lire leurs travaux pour en apercevoir le caractère partiel ; ils manquent de vues d'ensemble et de système ; ils négligent trop visiblement des faits considérables qui conditionnent ceux qu'ils s'efforcent d'exposer ; ils sont conduits inévitablement à poser des questions inutiles, à oublier les questions essentielles, à mal poser les questions nécessaires, à créer des faits inexistants, à méconnaître les faits réels, à mal interpréter les faits constatés.
L'histoire des doctrines de l'aphasie fournit à ces considérations pessimistes une illustration éclatante. S'ils avaient moins ignoré la structure d'une langue, les médecins et les psychologues auraient moins longtemps méconnu les conditions de la parole. D'autre part la linguistique appelle nécessairement une psychologie du langage. Dès qu'elle sort des constatations de fait, dès qu'elle cherche à expliquer, il lui faut faire appel à la constitution physique ou psychique du sujet parlant.
Cette considération n'est pas la seule, l'histoire et la sociologie fournissant aussi des principes d'explication. Mais elle est indispensable. Une partie de la linguistique s'achève en psychologie...