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Comment être réactionnaire. L'actualité nous montre la réaction, trônant sur les plateaux, y imposant des figures verbeuses, sûres d'elles. Elles boivent l'histoire à grandes goulées et en régurgitent les mirages... De la poudre aux yeux. Tout cela pour construire, au présent, la figure mélancolique du déclin, de la décadence, voire de la dégénérescence. 1922, 2022 : en France, quels bruyants échos ! Et si nous nous avisions enfin que la réaction est une pose ? Que la nostalgie, la furieuse mélancolie des réactionnaires, férules tapant sur les doigts des progressistes, flattent en nous cette facilité ? Nous dissimulons, pourtant la réaction nous chuchote en secret que c'était mieux avant, qu'il y eut un âge d'or.
Et qu'est-ce qu'un âge d'or ? La pose réactionnaire, contagieuse, paie en monnaie de singe. Mais qui n'a été ou ne sera jamais réactionnaire ? Marcel Boulenger, né en 1873 avec la naissance de la république, mort en 1932, fut romancier, chroniqueur, journaliste. Élégant champion olympique d'escrime, il a pris cette pose, et ne l'a plus quittée. Philippe Lamps décortique ses « Lettres de Chantilly » (1907-1922) en un dictionnaire ironique et précis.
Puis il entame un dialogue d'outre-tombe avec l'auteur pour mieux comprendre sa pose : vague nostalgique, dont le ressac nous caresse ou nous rebat les oreilles. Mais disons-le : dans ses Lettres, le réactionnaire a le talent de nous faire sourire...