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Ce soldat qui participa aux campagnes tonkinoises en 1892-1893 tout en s'opposant violemment, dans ses écrits, à la politique coloniale, ce fumeur d'opium initié au taoïsme par un chef de village, fut en même temps évêque gnostique et une personnalité de premier plan des groupes occultistes parisiens de la Belle Époque. De grands noms de la littérature et des arts comptèrent parmi ses amis et il servit de conseiller politique « direct » à Albert Sarraut.
Aventurier de l'esprit, il rejeta violemment le préjugé culturel classique dominant alors et voulut rendre à l'occident fourvoyé la sagesse orientale. Adepte des « sociétés secrètes », il rêva d'une France dirigée par une élite taoïste. Certes sa traduction du Tao-tô-king à partir de textes vietnamiens est parfois aventureuse ; elle répondait néanmoins à un besoin profond et son influence fut déterminante, en son temps, sur l'image que les Français se faisaient de la Chine.
Matgioi fut par excellence le représentant d'un nouveau type de « culture », réduit trop longtemps à un rôle secondaire et qui retrouve maintenant droit de cité : il unit la vie de l'esprit à celle du corps et à une expérience intérieure. Ces hommes ont marqué profondément la vie de leur époque.