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1978, au Cercle d'or, c'est l'année du « Curé Chaban » (chronique d'une paroisse de la Vendée rebelle en 1793) de Jean Lamberton. 1979, c'est l'année de « Louis Rougé » (le braconnier d'Anjou raconté par un témoin) de Joseph Boutin. Deux grands récits, remarquables de vérité historique et de simple humanité. Deux succès qui ne se démentent pas. Une collection, sans le vouloir, est née. En 1980, elle s'enrichit de « Mathurin, le faux saulnier, ancêtre de la Chouannerie ».
Max Ferré, l'auteur est un historien de métier. Il connaît tout de l'ancienne province du Bas Maine (aujourd'hui département de la Mayenne) où vit en 1709 Mathurin longues gigues, agriculteur de son état, faux saulnier, c'est-à-dire : contrebandier du sel, par nécessité et. par goût. La gabelle est alors le symbole de toutes les injustices qui écrasent la condition paysanne en ce crépuscule morose du Roi Soleil.
Ajouté aux terribles et interminables hivers, aux rigueurs d'un sol ingrat, l'impôt du sel plus arbitraire encore en ce pays des marches de Bretagne est l'image même de la misère et de l'oppression dont pâtit le petit peuple des campagnes. En le fraudant, il se libère, mais au prix d'une guerre ouverte avec les « gabelous », gardiens farouches, matois et cruels, de la loi. Cette guerre, ponctuée, du côté des contrebandiers, par les cris de ralliement ou de fuite de la hulotte amoureuse ou blessée, c'est déjà une « chouannerie », préfiguration de celle qui éclatera aux jours sombres de 1793, illustrée par les exploits des Cottereau, les frères Chouans, rompus par le faux saunage aux pratiques de la « guérilla ».