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« Le train finit par venir, dans un chahut de tous les temps. Dans le train, la chaleur est à rendre. Étrangement, le train contient beaucoup de prostituées, quelques travestis à l'air paterne et un seul Jimmy Namiasz. Jimmy est accroupi dans un coin. Jimmy paraît mort avec des dents d'acier. Son corps gît là intact, ses yeux blancs mangés de taies. Tout le monde me regarde, lui seul feint de ne pas me reconnaître.
Les putains me dévisagent, font claquer leurs strings et leurs mâchoires. Les travestis articulent des signes, relèvent leurs robes de mariée traînant au sol. Dans son sommeil, les yeux de Jimmy sont éteints. De grands phalènes viennent pourtant s'y poser, qui vivent dans les excavations. Jimmy les ôte mécaniquement, il les dévore sans se réveiller, ce qui fait rire tout le monde. Le train roule un train d'enfer.
Ce jour-là, je comprends que Jimmy Namiasz et moi-même allons faire un bout de chemin ensemble. Ce jour-là, je comprends que jamais plus je ne marcherai seul dans un désert. J'ai très mal aux yeux. La lumière électrique. Maintenant on sera plusieurs entassés dans une même machine. »
Récit d'une errance dans un demi-monde hanté d'êtres incertains, Méduses suit le narrateur au long d'une lente descente aux abîmes affective et sexuelle, où s'entend en écho, dans une langue magnifique et bâtarde, le rire de l'ennemi qui l'accompagne.