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Victor Bâton, ou plutôt Bâton Victor, comme il dit quand il se présente avec un sens formel qui l'honore en même temps qu'il donne l'impression d'être au régiment, cherche à passer inaperçu même quand personne n'est là pour l'observer : il se lave courbé, marche de même, passe les portes de profil (l'angle sous lequel il préfère se voir dans un miroir), prend garde à ne pas déranger, à ne pas faire un geste inconvenant, fournit des explications pour des comportements qui n'ont pas besoin de commentaires, craint de mal faire, ou que son attitude, bien que calculée au plus près de ce qu'il pense être correct, soit mal interprété...
Timide et mou, indécis, il est un homme gris comme ceux auxquels aimera à s'attacher Simenon, un peu plus tard. (Il n'a pas fallu attendre certain roman érotique pour savoir qu'il y avait plus d'une nuance dans le gris.) Sinon que, dans sa volonté trop marquée de ne pas se faire remarquer, Victor Bâton paraît empoté, ce qui se remarque, et il s'en trouve gêné.
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C'est Colette qui remarqua en premier le talent d'Emmanuel Bove et aujourd'hui encore, cet auteur des années 20 ne cesse d'agrandir son cercle d'admirateurs. Mes amis raconte la vie de Victor Bâton, une vie aussi banale que l'est son nom. Il vit sans travailler et ne cherche qu'une chose, se faire des amis. Chaque chapitre est une rencontre, et une déception. Désabusé et drôle à la fois, ce texte subjuguant figure à vie dans mes livres de chevet.
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