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Développement durable, OGM, réchauffement climatique, sécurité alimentaire, catastrophe nucléaire, explosion de l'usine AZF... L'écologie est une préoccupation partagée par les opinions publiques contemporaines. Que de chemin parcouru depuis la mobilisation savante orchestrée par l'UNESCO dans les années 1960 afin de protéger la biosphère, ou depuis les tous premiers mouvements pacifiques, antinucléaires ou naturalistes à forte dimension contre-culturelle ! Le livre de Sylvie Ollitrault montre, à partir d'entretiens, d'archives ou d'observations ethnographiques menées en France et à l'étranger que les écologistes, par-delà leur variété, sont porteurs de normes, de représentations à prétention universelle.
En adaptant des modes de pensée ou des manières de contester, ils ont participé à la transformation des répertoires d'action collective, ont fait émerger de nouveaux intérêts. De plus, ils ont popularisé un style d'engagement qui ne se réduit pas au militantisme de type partisan. Bien que ces militants du quotidien soient devenus des experts - parfois redoutés par la puissance publique -, ils restent des individus qui n'ont pas renoncé à vivre leur engagement sous la forme de la vocation, en référence à leurs convictions écologistes.
C'est pourquoi cet ouvrage s'intéresse de manière centrale aux effets de l'engagement sur les constructions identitaires des individus. Si aujourd'hui les écologistes symbolisent le militantisme d'expertise défiant les frontières, ils ne se sont pas toujours reconnus dans ces registres d'action. En privilégiant la question de la temporalité, l'étude insiste sur le dynamisme diachronique des mouvements sociaux.
L'analyse des toutes premières mobilisations des années 1960-1970 permet de comprendre la gestation du répertoire d'action écologiste et la lente formation des standards de ce militantisme. Et, en ce début du XXIe siècle, sous l'effet de l'arrivée d'une nouvelle génération avec ses propres aspirations (critique alter-mondialiste, thématiques environnementales mondialisées), les modalités d'action collective se renouvellent.
L'auteur démontre ainsi qu'un mouvement social se recompose constamment et que les mobilisations transnationales ne sont ni récentes, ni pérennes. Pour appréhender pourquoi certains individus continuent à militer dans une ère qualifiée de désenchantée et d'individualiste, sa grille d'analyse repose sur les représentations des acteurs, leurs trajectoires et leurs dispositions.