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Mon après-guerre commence le 17 décembre 1945, vers vingt heures : je sors de Fresnes. Après une semaine de tortures - avec simulacre d'exécution - dans les caves de la prison communiste clandestine du 12 rue François-Miron, après quinze mois de cellule, trois mois de secret, un mois de mitard, je viens d'être acquitté par la Cour de justice de la Seine. J'ai donc été interné arbitrairement pendant plus d'un an.
On m'a volé plus d'un an de ma vie. Mais personne ne s'est excusé. Ni le président du Tribunal. Ni le juge d'instruction Auric, qui m'a interrogé pour la première fois onze mois après m'avoir fait arrêter ! C'est l'époque. Nous sommes les vaincus de la Libération et il n'y a pas d'excuses pour les vaincus.