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Cet homme est dangereux. Un de ces forcenés avec qui nous devons compter. Nous avons eu tort de ne pas l'achever quand nous l'avons tenu dans nos griffes. Car ce Joyeux, vingt ans de réclusion, cet utopiste, la rigueur ! un Robespierre ! ne se contente pas de prêcher la mauvaise parole. Il paye d'exemple, et cash ! Dans les bistrots, Maurice Joyeux l'a guère faite la Révolution. Les lions, c'est leurs poings qu'ils usent, pas leur cul de pantalon, ni la moleskine.
Par ce bouquin, que nul autre ne pouvait écrire, parce que c'est lui, Joyeux, qui l'a pensée et portée à bout de bras la mutinerie de Montluc, il vient trousser l'innocence de notre chère jeunesse, en lui montrant ce que peut un homme qui a le courage de dire non. Non ! et tout s'écroule, et jusqu'à l'édifice de notre ordre moral, comme les murailles de Montluc. Laissez-les vivre, ces illuminés, ces fanatiques, et ne vous étonnez pas si, à l'école, nos petits enfants apprennent les noms de ces nouveaux Blanquis.
D'ailleurs, l'a-t-il pas dit un jour à ses juges ! Avec la même outrecuidance a-t-il pas osé se lever, une autre fois : « Non, mon Général ! La soupe est dégueulasse » ! Il faut détruire cette petite graine noire. Il faut brûler ce livre.