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Un récit ? Le canevas d'une synthèse historique ? Non pas. Des mémoires ? Non plus. Mais bien des NOTES, des notations consignées dans des cahiers d'écolier, par un Dijonnais PENDANT l'Occupation, jour après jour : un journal. Pas de regard rétrospectif ici. Plus de 50 années après, le lecteur se prend à vivre l'expérience des années noires à Dijon, de septembre 40 à septembre 44, réfléchies par l'observation, l'esprit et le cour d'un simple citoyen.
Henri DROUOT écrit ces notes pour témoigner des réalités du temps bouleversé et tragique qu'il traverse - du moins de ce qu'en a pu voir et savoir un individu, dans une ville particulière, enfermé dans un présent brouillé par les propagandes et barré par un avenir impénétrable. Mais ce simple citoyen est un homme dans la maturité de l'âge, et dont le regard est affiné par son métier d'historien. Ces limites de l'espace et du temps, il les déborde par la réflexion : analyses et hypothèses sur les stratégies des belligérants, sur les possibles après-guerres voisinent avec la relation des plus menus faits ; la portée des menus faits comme signes est évaluée ; la société ambiante d'autre part est très présente ici, avec ses opinions et ses fluctuations, - le témoignage se fait véritablement polyphonique et par moments comme dialogué.
Henri DROUOT se parle à lui-même, écoute ses compatriotes et leur répond. Ce caractère oral du texte, naturel dans un journal personnel, frappe d'autant plus que le ton en est véhément : l'affamement de la population, les fusillades et le mensonge nazis, ou la « collaboration » en pleine guerre ici sont sans pardon.