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Généralement, lorsqu'on parle d'opéra, c'est moins pour débattre de la création d'ouvres nouvelles ou de problèmes esthétiques, que pour soulever les questions que pose l'institution. L'antinomie entre cette institution et la création, développée dans l'article d'Adorno (et ce dans le contexte du début des années soixante), se trouve en filigrane de la plupart des textes de ce numéro, lesquels tentent de définir les possibilités d'un opéra vivant quant à sa forme et sa fonction, par opposition à l'opéra conservateur qui prévaut partout.
Il existe, en ce sens, un lien entre Kurt Weill, Luigi Nono, Bernd Alois Zimmermann, Luciano Berio ou Mauricio Kagel, malgré les divergences historiques et esthétiques ; à partir de leurs ouvres et de leurs idées, il serait possible d'envisager un opéra qui ne soit pas limité aux seules normes d'un répertoire figé, aux seules exigences d'un public privilégié. Si nous avons réalisé un petit dossier concernant Kurt Weill, c'est parce que ses textes n'ont jamais été traduits (ses ouvres n'ont fait l'objet d'aucune exégèse en langue française), et parce que l'opéra y est abordé en des termes qui nous semblent exemplaires et toujours actuels.
Ils réaparaissent, sous d'autres formes, dans les positions de Zimmermann, Nono, Pousseur ou Berio. Le terme même d'opéra, chez ces auteurs, n'est accepté qu'avec réticence.