En cours de chargement...
Parce que la nation française a été très tôt centralisée politiquement, la plupart des histoires de Paris dévient insensiblement vers les généralités, redeviennent des histoires de France. Elles racontent les guerres, les révolutions. Paris n'est plus guère alors qu'un décor pour les gloires, pour les prospérités, les calamités nationales. C'est précisément ce que René Sédillot n'a pas voulu faire et n'a pas fait.
Il a traité la capitale comme une entité vivante dont il écrit la biographie. Histoire monumentale ? Oui, mais aussi, à travers les âges, histoire d'êtres faits de chair et de sang, dont le destin a été forgé par des administrateurs, des artisans, des bourgeois, des ouvriers.
Quelle sera la date décisive pour les temps modernes ? L'installation de Louis XIV à Versailles ? Non. Cette installation est tardive et n'empêche nullement Paris d'être au XVIIIe siècle le centre lumineux de l'Europe française.
Les révolutions ? Non. Elles accroissent la puissance politique de la capitale, mais les communications restent lentes, et bon gré mal gré, il faut bien que la province ait sa vie propre.
Tout change avec les chemins de fer : c'est le dessin du réseau ferré en toile d'araignée qui précipite la centralisation commerciale, financière, intellectuelle, industrielle, démographique.
On n'oserait pas comparer la vie d'un homme, si grand soit-il, au destin de cette prodigieuse cité.
Et c'est pourquoi, sans emphase, sans mot à effet, toujours simple, clair, rapide, pittoresque, René Sédillot arrive, sans y prendre garde, à nous donner le sentiment d'une surprenante majesté. Paris...