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L'exégèse des "Pensées" se contente d'ordinaire, conformément au dessein de Pascal qui est de « prouver absolument Dieu », de privilégier deux approches de l'argumentation référant le désir de savoir la vérité à la certitude de la religion dont dépend pour l'homme la connaissance de sa nature. On insiste d'une part sur le nécessaire dépassement de la philosophie humaine par la vérité, irréductible à la raison naturelle enfermée dans l'interminable dispute entre le dogmatisme et le pyrrhonisme, d'autre part sur l'inanité des preuves de Dieu procédant à la façon des démonstrations géométriques, physiques ou même métaphysiques.
Mais c'est là négliger que la spécificité des Pensées, tant à l'égard des livres des philosophes que par rapport aux autres écrits de Pascal, tient à l'identification dans cet écrit de la recherche de la vérité à un impératif de caractère absolu, imposé par la fin de la nature humaine. En faisant de cet impératif le principe d'une relecture des fragments de Pascal, on éclaire d'un jour nouveau l'impuissance de la philosophie, qui repose sur l'illusion selon laquelle la vérité serait l'objet d'un simple enjeu théorique, quand elle doit être uniquement celui d'un désir engageant la destination même de l'homme.