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À l'Est comme à l'Ouest, la société industrielle est gouvernée par deux mythes totalitaires - la croissance et le centralisme - qui conduisent inéluctablement à un détournement des fonctions de la science, à une dénaturation des outils et des institutions, au dépérissement de l'individu, à l'étiolement de toutes les formes de foi, au déclin de la démocratie, à la guerre suicidaire. Il n'est plus désormais d'autre choix qu'entre l'impasse et l'utopie.
L'utopie, c'est, par un coup d'état sur soi-même, destituer l'abstraction qui règne sur nos vies, opposer ici et maintenant notre nature première à cette culture qui nous écrase, redonner vie aux fonctions créatrice, érotique et communautaire de notre organisme, retrouver foi dans la splendeur et la force du présent. La grande voix qui s'exprime ainsi est celle de Paul Goodman, prophète américain de l'ère post-industrielle et inspirateur d'Ivan Illich.
La synthèse de sa philosophie politique, que nous présente ici Bernard Vincent, donne à penser que le message libertaire et humaniste de Goodman est - dans le grand désarroi de notre fin de siècle - plus actuel et chargé d'espérance que jamais. Si l'Homme Nouveau doit venir d'Amérique, il aura, à n'en pas douter, la voix de Paul Goodman.