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Paul Morand pouvait être antipathique, infatué de sa personne, insultant envers ses collègues écrivains, avec des bouffées d'antisémitisme, de misogynie ou d'homophobie. Sa défense du colonialisme et, sous l'Occupation, de la politique collabo-rationniste de Vichy fut délibérée et constante. La publication de son Journal inutile avait fait scandale, et la reprise de ses ouvres en Pléiade en 2005 fit de même.
Et pourtant Paul Morand est indéniablement un grand écrivain.
L'un de ceux qui sont capables, en une formule concise, de retrouver un style, d'évoquer un univers ou une atmosphère. Poursuivie sur près de soixante ans, l'ouvre littéraire de Paul Morand est considérable et embrasse tous les genres. Trente ans après la mort de son auteur, en 1976, elle n'a pas encore fait l'objet d'une étude d'ensemble. Les quatorze chapitres qui composent cet ouvrage associent étroitement l'étude de la biographie et celle des ouvres littéraires, en faisant appel à des correspondances et des documents inédits ; ils apportent des mises au point précises sur divers aspects controversés de Morand, tout en s'efforçant de replacer sa production littéraire sous l'éclairage des grands débats idéologiques qui furent ceux de son temps.