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Marcher constitue une expérience sensible de la ville. Chaque trajet est une découverte des autres et de soi-même. Une telle expérience s'avère à la fois unique et singulière : « On ne marche jamais deux fois dans la même rue », pourrait affirmer un Héraclite promeneur. Par la marche, nous comprenons mieux qui nous sommes en tant qu'êtres sensibles, vigoureux ou souffrants, disponibles ou non pour apprécier un lieu ou le fuir, saisir sa beauté ordinaire ou ses secrets cachés derrière un arbre ou dans l'anfractuosité d'un mur, la juste proportion du bâti, la diversité de son nuancier, la chorégraphie des corps.
Jérémy Gaubert dessine les contours d'une déambulation piétonne, véritable fabrique d'urbanité, en s'attardant sur quelques figures telles que le flâneur des passages, le badaud des grands boulevards, le surréaliste s'abandonnant au « hasard objectif » ou encore le situationniste dérivant de bar en bar dans la nuit aux mille et une ambiances.
Dès lors, l'expérience de la marche urbaine magnifie cette logique relationnelle, cet entrelacement du marcheur et de son environnement, sachant que l'un et l'autre se façonnent mutuellement.
Ainsi, tout piéton participe à l'élaboration d'un espace public marchable, qui prend soin de la marche en son lieu et en son temps. La marchabilité est à l'urbanité ce que le vocabulaire est à la langue.