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Les pommes rouges d'Arménie, celles qu'au lendemain d'un mariage, les parents de l'époux envoient aux parents de l'épousée, et qui attestent que la fiancée était vierge, donc, qu'il n'y a pas eu tromperie. Aussi ironisait-on, quand arrivèrent après la guerre ceux qui avaient choisi de regagner l'Arménie devenue soviétique : Sûr, Staline vous a envoyé des pommes rouges pour vous attirer dans la ronde nuptiale.
Jean et Lucie suivent, en U. R. S. S., leurs parents, installés en France depuis le génocide. Lui est né à Valence, elle à Paris. À peine arrivés, ils n'ont qu'un désir, revenir. En dépit des pressions, des difficultés de tous ordres, ils refusent d'abandonner la nationalité française acquise à leur naissance, et ne cessent d'exiger obstinément, seuls contre l'appareil', ce qui est pour eux le retour.
Ils y sont parvenus le 19 avril 1987. C'était le jour de Pâques. Il leur avait fallu quarante ans. Dans ce livre, aucune déclaration tonitruante, simplement la vie en U. R. S. S. au quotidien, les mille et une ruses pour subsister dans un pays, où tout ce qui est gratuit s'achète fort cher, la vie comme la mort, le médecin comme le fossoyeur. On croyait connaître la bureaucratie soviétique et ses vétilleuses tracasseries, la surveillance policière et ses perpétuelles suspicions, on ignorait leurs incohérences, leurs failles.
Savait-on qu'on écoute Radio Monte Carlo à Erevan, et qu'un sac de fruits ouvre les portes closes ? Les pommes rouges d'Arménie, une fois encore... Une histoire vraie, de bout en bout, qui se lit comme un roman.