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Belle, amoureuse, spirituelle, Aimée faisait la conquête de tous. « La nature, dit Mme Vigée-Lebrun, s'était plu à la combler de tous ses dons, son visage était enchanteur, son regard brûlant, sa taille celle que l'on donne à Vénus, et son esprit supérieur ». Voluptueuse, et d'une gaieté que rien ne pouvait abattre, elle disait toutes les drôleries qui lui passaient par la tête et faisait toutes les folies qui lui passaient par le cour.
Née dans la grande aristocratie, élevée dans la familiarité de Louis XVI et de Marie-Antoinette, nourrie de la philosophie des Lumières qui sapait la monarchie, elle avait vingt ans en 1789, le bel âge pour courir dans les rues de Paris à la prise de la Bastille. C'était aussi le temps de ses amours avec le duc de Lauzun, grand tombeur de dames, qui avait succombé sous le charme d'Aimée. De la douceur de vivre à la Terreur, le torrent de la Révolution l'emporte dans les chaudes journées de la fraternité et dans les heures noires de la haine, tremblant d'en mourir, riant quand même, aimant toujours.
L'Histoire bouleverse son destin de femme - et lui révèle qu'il ne faut que l'occasion pour qu'un homme ordinaire se métamorphose en héros ou en sauvage. La chaleur de son tempérament ne l'empêche pas de peser à leur juste poids les acteurs de la tragédie qui traversent son chemin, souvent pour son déplaisir, Danton pour son plaisir. Aimée, comtesse de Coigny, duchesse de Fleury, vécut les derniers mois de la Révolution dans la prison de Saint-Lazare, à attendre d'être guillotinée.
Et là, André Chénier, ému comme les autres par sa grâce, chanta en elle « la jeune captive ». Deux cents ans plus tard, c'est Jean Duché qui en est ému. Ce livre, bien qu'il utilise les faits de la vie d'Aimée de Coigny, n'est pas une biographie. Elle aimait la liberté, et les libertés des hommes ne l'offusquaient pas. L'auteur espère qu'elle lui pardonnera celles qu'il a prises avec elle dans ce roman.