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Recrutés massivement depuis les années 1960 dans les usines Citroën et Talbot, les travailleurs immigrés, ces « OS à vie », y sont fortement encadrés par des syndicats à la solde des directions et par des organismes émanant de leurs pays d'origine. Or, au printemps 1982, alors que la gauche est au pouvoir depuis peu, ces ouvriers jusqu'alors discrets se mobilisent et s'emparent des répertoires d'action et des mots d'ordre des luttes ouvrières.
Face aux conditions de travail déplorables, aux bas salaires, aux menaces de licenciements collectifs, au racisme latent, aux transformations du travail et aux politiques d'immigration, ils réclament ce qui leur est dû : le respect, la liberté, la dignité. Au croisement de l'histoire et de la sociologie, Vincent Gay analyse minutieusement les relations sociales à l'intérieur et à l'extérieur des usines, la place de la politique dans les débats, les pratiques des ouvriers immigrés, leur appropriation du syndicalisme et de la grève.
Dans un contexte de crise et de restructurations industrielles, c'est un moment charnière de la contestation sociale, ouvrière et immigrée qui resurgit.