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Comment raconter une histoire? Cette pratique étroitement liée à l'enfance de l'humanité et de l'homme ne semble plus, aujourd'hui, évidente: l'histoire littéraire a beau affirmer, depuis les années quatre-vingt, le retour du récit et, avec lui, du sujet, on ne sait trop de quel récit il s'agit ni d'ailleurs de quel sujet. Le récit de soi, dont on connaît la fortune, est-il aussi narratif que semble l'impliquer le terme générique lui-même? Si le récit contemporain, manifestement, n'est pas mort, il semble s'être démultiplié, disséminé, au point de faire de l'hétérogénéité l'une de ses marques constitutives.
S'intéresser à la voix narrative, c'est alors s'interroger sur la constitution d'un récit désormais dépourvu d'autorité. Ce livre rassemble des études portant sur un corpus d'auteurs français (Emmanuel Carrère, Gustave Flaubert, Louis-René des Forêts, Jean Genet) et québécois (Diane-Jocelyne Côté, Anne Hébert, Jacques Ferron, Larry Tremblay), sans omettre le récit testimonial (Primo Levi, Jorge Semprun).
Il aborde les enjeux contemporains de la voix narrative de façon à la fois historique, pragmatique et phénoménologique. De la discontinuité de la voix émerge la poétique de la voix narrative proprement dite: comment le lié de la narration se fabrique-t-il à partir de sa négation même?-quel est le rôle de la mémoire dans le recouvrement nécessaire au récit? - jusqu'où l'oubli peut-il porter la narration ? - comment le réel est-il envisagé à travers le tissage narratif? Telles sont quelques-unes des questions qu'abordent ici les auteurs en mettant chaque fois la critique littéraire à l'épreuve des récits eux-mêmes.
Ils font apparaître des enjeux esthétiques et éthiques communs sous-jacents à la redéfinition perpétuelle d'un sujet moderne se posant toujours plus ouvertement face à l'autre que face à lui-même.