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Parmi les nombreuses réfutations du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de J.-J. Rousseau (1755), sont parfois citées Les Réflexions d'une Provinciale sur le Discours de Monsieur Rousseau, citoyen de Genève (1756). Les périodiques contemporains en rendent aussitôt compte, de manière généralement élogieuse. Ce texte, jusqu'ici resté dans l'ombre, mérite à plus d'un titre qu'on s'y arrête.
La « Provinciale », Octavie Belot, qui peut être à bon droit associée aux « pauvres diables » (diablesses ?) du siècle, présente son livre comme le fruit de l'« audace d'une femme qui ose penser et même écrire ». Car il s'agit d'un essai philosophique, genre très rarement pratiqué par les femmes à qui l'usage contemporain n'autorise que les « petits genres ». Encore mal connue, bien qu'on croise régulièrement son nom auprès de bien des contemporains célèbres, O.
Belot mérite de l'être mieux : elle est, au cour du siècle, un membre actif et érudit de la République des Lettres. Le texte des Réflexions, rigoureusement structuré, propose de nombreux arguments tant contre « l'état de nature » décrit par Rousseau que contre sa conception de la société civile et politique. Puisés dans de multiples textes contemporains émanant des « philosophes des Lumières », ils sont repensés avec le « bon sens » dont elle se réclame.
Ils éclairent considérablement la réception immédiate du Discours de Rousseau, en particulier en ce qui concerne l'égalité des sexes et l'« inégalité des conditions ». Les Réflexions sont, de plus, servies par une aisance et un « esprit » qui conduiront Voltaire à associer le style d'O. Belot à celui de Madame de Sévigné.