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Dans un cours sur ce thème au Collège de France, comme dans son maître-ouvrage, Marc Fumaroli a évoqué une notion largement inaperçue jusque-là, celle de la République des Lettres, restituant ainsi à l'Europe une de ses dimensions les plus incontestables.
Parti de ces réunions de savants, philologues, juristes, physiciens, naturalistes, tous des pairs, qui se reconnaissaient entre eux (cabinets, cénacles lettrés, académies), se choisissaient pour converser ou entamer un commerce de lettres dans un espace de liberté, il était remonté à l'origine : Pétrarque, créateur dans sa Correspondance d'une société de laïcs et de clercs qui partageaient sa vue d'une république chrétienne augmentée du meilleur de l'antiquité païenne, c'est-à-dire la civilisation, la capacité de sortir de la brutalité, la vertu des Humanités.
Puis il avait suivi leur développement dans l'Europe des Lumières, jusqu'au moment où l'essor des nationalismes devait faire perdre le sens d'une communauté d'idées assez féconde pour qu'on en puisse nourrir la nostalgie.
Une enquête aussi vaste reposait sur l'analyse et le dépouillement d'une variété tant chronologique que thématique de textes de plus de cent auteurs dont la force et la beauté méritaient d'être partagées.
Offrir ces textes fut la tâche pour laquelle se portèrent volontaires trois amis proches de l'auteur.
Le résultat est cette anthologie, qui donne à lire, dans le texte, la République des Lettres, depuis Richard de Bury et Pétrarque jusqu'à Leibniz et Mme du Châtelet.