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Les forgerons moose du Burkina Faso se définissent comme " hommes de paix ". Pour eux, le travail concret du fer est le fondement du travail rituel thérapeutique d' " apaisement " qu'ils accomplissent avec leurs outils. Ils préviennent les suicides à l'aide de leur maillet, ils demandent la fécondité des femmes sur l'autel de forge et ils mettent en oeuvre des pratiques thérapeutiques avec leur soufflet.
Par ailleurs, un élément atmosphérique, la foudre, fait également l'objet de leur intervention qui doit ainsi neutraliser son feu dangereux. Or, il y a chez les forgerons moose une conception spécifique de leur métier qui permet cette ambivalence. En effet, toutes les interventions des forgerons, aussi bien rituelles que quotidiennes, sont d'abord réunies par le fait qu'elles sont pensées en termes thermiques : les Moose disent que ces artisans " refroidissent " et " apaisent ".
Ces hommes qui nous apparaissent comme rationnels, pragmatiques et tolérants emploient leurs outils pour un travail métaphorique et symbolique riche et puissant, ayant trait à la maîtrise des émotions et aux relations entre les hommes. Ces artisans distinguent rite et technique pour établir entre les deux un lien, médiatisé par leurs outils, qui fait découler le premier de la seconde. Epousant de près cette conception originelle, l'auteur propose une réflexion anthropologique sur la relation entre rite et technique, et sur le statut des objets cultuels.