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« Pour un sorcier, dix mille sorcières » : c'est sur ce rappel que Michelet commençait en 1862 la préface de son ouvrage, et il est vrai que la sorcellerie est traditionnellement associée aux femmes, voire à une manifestation du féminin. En Europe, une telle vision remonte au moins au Marteau des sorcières d'Institoris et Sprenger (1486). Elle perdure pendant des siècles sous des formes variées, qu'on explique la sorcellerie par l'intervention de Satan, par la maladie, par l'hystérie ou encore par la misère du peuple.
Elle se retrouve quand une revue féministe des années 1970 prend le titre de Sorcières, dans une volonté d'appropriation ironique de la tradition. Dans ce volume Sorcières et sorcelleries, issu d'une journée d'étude tenue à Lyon 2 en novembre 1999, des chercheurs de différentes disciplines (histoire, littérature, anthropologie) interrogent les fondements, l'évolution et les implications de cette association de la sorcellerie et du féminin - qui comporte aussi en creux sa conception du masculin.
Un premier ensemble d'articles, réflexions historiographiques et analyses de textes, porte sur l'émergence de la répression et le grand moment de la chasse aux sorcières (xve-xviiie siècles). Une seconde partie propose des approches plus diversifiées, évoquant le traitement littéraire de la sorcière au xixe siècle, l'expérience de la revue Sorcières (1975-1982), et les pratiques de désorcèlement dans le monde rural français des années 1970.