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La peinture de Pierre Soulages est d'une grande maitrise technique et en même temps, elle semble souvent rechercher le point de rupture, l'accident, qui la fait basculer dans l'aventure créatrice et la découverte. Comment Soulages peut-il à la fois vouloir l'accident et chercher la maitrise technique dans un minimalisme rigoureux qui devrait définitivement l'écarter ? Quelle ruse, quelle stratégie met-il en place dans cette aventure de l'accident ?
On peut identifier différentes formes d'accidents dans son ouvre : l'accident en gravure lorsqu'il troue la plaque de cuivre, l'accident de la démarche lorsqu'il découvre l'Outrenoir en peinture en 1979, l'accident du chromatisme dans ses vitraux de Conques, ou encore l'accident de surface qui anime ses toiles et fait vibrer la lumière.
Cette poétique de l'accident de Pierre Soulages est décrite à partir de trois sources entrelacées: la conception chinoise de l'effet dans l'ouvre du philosophe François Jullien, le concept d'exemplification dans Langages de l'art de Nelson Goodman et le concept de différence intensive chez Deleuze dans Différence et répétition. Dans cet usage heuristique de l'accident, exemplifié et amplifié, « ex(a)mplifié » donc, c'est une conception renouvelée de la liberté créatrice qui apparait chez Soulages.