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Masses et minorités agissantes, partis et syndicats, patriotisme et internationalisme : problèmes d'hier, problèmes d'aujourd'hui et de demain dans le mouvement ouvrier français et international... Les « archives Monatte » les évoquent, dans le cadre de la première guerre mondiale puis de la Révolution russe naissante. Elles nous restituent en même temps les militants de premier plan que furent, avec Pierre Monatte, Alfred Rosmer, Alphonse Merrheim, Georges Dumoulin, Marcel Martinet, Léon Trotsky, ceux de la Vie Ouvrière, ceux de Zimmerwald, ceux des premiers noyaux de solidarité avec les Soviets.
L'homme à qui nous devons ces documents, ces archives, ces lettres, c'est Pierre Monatte.
Fils d'un maréchal-ferrant de la Haute-Loire, pion dans un collège, employé de librairie puis correcteur d'imprimerie, Pierre Monatte (1881-1960) a joué dans le mouvement syndical et politique un rôle important, tout en restant volontairement éloigné des fonctions dirigeantes.
En fondant la Vie Ouvrière en 1909, il voulut donner aux militants syndicalistes révolutionnaires une revue d'éducation intellectuelle et morale.
Dès les débuts de la guerre de 1914, il s'éleva contre la politique d'union sacrée et fit partie de la minorité restée fidèle à l'internationalisme prolétarien. En 1919 il fit reparaître sa revue, devenue la tribune des syndicalistes ralliés à la Révolution russe. Ses fonctions au sein du Parti communiste - membre du Comité directeur et responsable de la « Vie sociale » à l'Humanité - furent de courte durée : entré au Parti en mai 1923, il démissionna en novembre 1924, refusant une « bolchévisation » autoritaire et maladroite.
Pierre Monatte conserva toute sa vie la foi de sa jeunesse, soucieux de toujours « retremper le syndicalisme révolutionnaire dans le grand courant déchaîné dans le monde par la Révolution russe ».